Auteurs
J. Larmarange [1], R. Vallo [2], S. Yaro [3], P. Msellati [4], N. Méda [3], B. Ferry [1]
Abstract
Objectif
Les prévalences nationales du VIH ont été historiquement estimées à partir de la surveillance sentinelle en cliniques prénatales (CPN). Depuis 2001, les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) en population générale constituent une nouvelle source d’informations. Pour plusieurs pays, les estimations entre ces deux sources divergent, principalement en raison de la localisation des sites sentinelles retenus. Certains travaux ont montré que les CPN pouvaient constituer un bon indicateur local. Nous cherchons ici à comparer localement EDS et CPN afin de préciser la représentativité de ces dernières.
Méthode
Nous avons eu recours à des techniques d’analyse en composantes d’échelle et d’interpolation spatiale afin de cartographier les variations infrarégionales de la prévalence du VIH à partir des EDS. La méthode employée a été testée à partir d’une modélisation avant d’être appliquée aux EDS 2003 du Burkina Faso et 2004 du Cameroun. Un programme informatique a été spécialement conçu à cette fin (http://www.ceped.org/prevR). Nous obtenons les tendances régionales de la prévalence du VIH dans un rayon de 30 à 90 kilomètres, que nous comparons avec les données CPN.
Résultats
La prévalence du VIH mesurée en CPN est fortement dépendante de la zone de recrutement (ZR) de cette dernière. Pour les petites agglomérations isolées, le nombre limité de cliniques induit que leur ZR correspond approximativement à l’agglomération et son voisinage plus ou moins proche. Dans les grandes villes ou les régions fortement urbanisées, la diversité des CPN disponibles rendent les ZR plus complexes. Elles peuvent s’interpénétrer et/ou se superposer. Les CPN ne seront pas forcément représentatives de l’agglomération étudiée. Les CPN situées en milieu rurale traduisent pour leur part une prévalence très localisée qui peut diverger de la tendance régionale.
Conclusion
La surveillance sentinelle en CPN peut s’avérer un mauvais indicateur des niveaux régionaux de l’épidémie, en fonction de leurs zones de recrutement et des variations spatiales de la prévalence. Une comparaison avec d’autres sources est donc nécessaire avant de pouvoir généraliser une observation réalisée en CPN. Cependant, elle reste adaptée pour une surveillance locale des tendances temporelles de l’épidémie.