Auteurs
J. Larmarange [1], R. Vallo [2], S. Yaro [3], P. Msellati [4], N. Méda [3], B. Ferry [1]
Abstract
Objectif
Depuis 2001, plusieurs enquêtes nationales en population générale avec dépistage du VIH, en particulier des Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS), ont été menées en Afrique subsaharienne. Dans certains pays, leurs résultats étaient sensiblement différents de ceux de la surveillance sentinelle en cliniques prénatales. Les taux de non réponse (refus ou absence) des EDS ont souvent été cités pour expliquer ces différences. L’objectif de ce travail vise à estimer l’impact des différents biais de trois EDS (Burkina Faso 2003, Cameroun 2004 et Kenya 2003) sur la prévalence nationale du VIH mesurée.
Méthode
Nous avons eu recours à une modélisation mathématique pour estimer les individus infectés non observables du fait de la fenêtre sérologique des tests de dépistage. Des données de recensement et de l’UNHCR ont permis de prendre en compte les individus hors ménages ordinaires, dont les réfugiés en camps. L’ancienneté des bases de sondage utilisées a été compensée à partir de projections de population. Nous avons posé deux hypothèses simples concernant les ménages éligibles non enquêtés, considérant que leur prévalence était soit double soit moitié moindre. Enfin, la prévalence des individus éligibles mais non testés a pu être estimée à partir de modèles logistiques. Lorsque les données étaient faibles ou insuffisantes, nous avons maximisé l’amplitude des biais.
Résultats
Au Burkina Faso, la prévalence observée est de 1,77 % (IC 95 % : 1,49-2,11) tandis que la prévalence ajustée est de 1,86 % pour l’hypothèse haute et 1,82 % pour l’hypothèse basse. Elles sont respectivement de 5,44 % (5,00-5,91), 5,84 % et 5,43 % au Cameroun, 6,88 % (6,27-7,54), 7,16 % et 6,55 % au Kenya. Pour les trois EDS, la prévalence ajustée est située au sein de l’intervalle de confiance à 95 % de la prévalence observée, et même au sein de l’intervalle de confiance à 75 % (excepté l’hypothèse haute au Cameroun).
Conclusion
Les résultats des EDS constituent de bons indicateurs du niveau de la prévalence nationale du VIH parmi les adultes en population générale. L’impact des différentes sources de biais reste limité, inférieur aux erreurs d’échantillonnage. L’approche d’ONUSIDA consistant à estimer le niveau des épidémies à partir d’enquêtes en population générale s’avère pertinente.