Auteurs
Valentine Becquet & Joseph Larmarange
Résumé
Les travailleuses du sexe (TS) constituent une des populations prioritaires des programmes de lutte contre le VIH. Pendant longtemps, le focus a été la promotion du préservatif et, dans les années 2000, le dépistage et le traitement des TS infectées. Ces politiques ont-elles véritablement enrayé la vulnérabilité de ces femmes ? Cette communication présentera des résultats issus d’entretiens menés en 2016 (projet ANRS 12361 PrEP-CI) sur différents sites prostitutionnels d’Abidjan et de San Pedro. Les TS sont en réalité exposées au VIH dans de nombreuses situations, notamment avec leurs partenaires réguliers, avec des clients les agressant ou payant davantage d’argent pour un rapport non protégé. Leur faible pouvoir de négociation s’inscrit dans un contexte de domination masculine. À ces vulnérabilités de genre s’ajoutent les vulnérabilités matérielles liées à leurs conditions de travail. Leur mobilité importante pour contourner leur marginalisation sociale est également un facteur de fragilisation. Les nouveaux outils de prévention tels que la prophylaxie préexposition pourraient selon certains compenser ces vulnérabilités et contribuer à leur émancipation en termes de santé. Si cet outil pourrait être approprié, il convient cependant de ne pas considérer ces femmes uniquement au prisme du VIH, puisqu’elles ont de nombreux autres besoins en santé sexuelle et reproductive et font face plus globalement à un problème d’accès aux droits humains fondamentaux.
Référence
Becquet Valentine et Larmarange Joseph (2019) « La Santé des travailleuses du sexe en Afrique subsaharienne : une population toujours exposée au VIH et soumise à de multiples vulnérabilités » (communication orale), présenté à 2e congrès international de l'Institut du Genre, Anger. https://congresgenre19.sciencesconf.org/.