Auteurs
Alexis Kouadio, Séverine Carillon, Anne Bekelynck, Nelly Assoumou, Christine Danel, Honoré Ouantchi, Joseph Larmarange, Mohamed Doumbia, Mariatou Koné pour le Groupe DOD-CI ANRS 12323
Résumé
Contexte : L’objectif 90-90-90 des Nations Unies vise à atteindre une couverture universelle du dépistage du VIH. Ainsi, plusieurs stratégies ont été implémentées en Côte d´Ivoire dont le dépistage dit « hors les murs » qui vise à aller au-devant des populations cibles. Dans un contexte de limitation des financements, certains bailleurs, cherchant à maximiser le rendement au test par la mesure du taux de séropositivité ont adopté depuis quelques années une politique visant à limiter un dépistage « tout-venant » jugé inefficace au profit de stratégies de plus en plus ciblées. D’autres maintiennent par contre le dépistage en population générale avec des objectifs quantifiés.
Objectifs : Comment les contraintes induites par les politiques des bailleurs influent-elles la pratique du dépistage « hors les murs » par les ONGs chargées de sa mise en œuvre ?
Méthodes : Cette étude a été réalisée à partir d’une recherche qualitative conduite dans trois districts sanitaires de la Côte d’Ivoire en 2015-2016. 21 activités de dépistage « hors les murs » du VIH ont été observées et 74 entretiens ont été réalisés avec 22 prestataires de santé, 6 acteurs associatifs, 11 responsables communautaires et 35 personnes dépistées ou à qui le test a été proposé.
Résultats : Les orientations stratégiques des bailleurs sont déclinées par les partenaires techniques et financiers sous formes de cibles restreintes et d’objectifs mesurables, définis par zones géographiques et imposés aux ONGs de mise en œuvre. Face à cela, certaines ONGs adoptent des stratégies de contournement pour atteindre leurs résultats : interventions dans d´autres zones que celles définies, dépistage de personnes « hors cible », contraction de la durée dédiée au conseil et au dépistage, dépistage quémandé et forcé. Aussi, le dépistage est réalisé dans des conditions de manque de confidentialité et d’hygiène, par des prestataires non légalement formés au dépistage et non issus de la population cible.
Conclusions : Face aux contraintes induites par les directives des bailleurs, les ONGs de mise en œuvre adoptent des stratégies de contournement pour atteindre leurs objectifs. La conséquence en est une dégradation de la qualité et de l’efficacité du dépistage « hors les murs » du VIH. Un meilleur dialogue entre partenaires et ONGs de mise en œuvre serait souhaitable dans la définition des politiques de dépistage et des cibles à atteindre.
Réference
Kouadio Alexis, Carillon Séverine, Bekelynck Anne, Assoumou Nelly, Danel Christine, Ouantchi Honoré, Larmarange Joseph, Doumbia Mohamed, Koné Mariatou et Groupe DOD-CI ANRS 12323 (2017) « Dépistage du VIH « hors les murs » en Côte d’Ivoire : des prestataires communautaires sous pression » (poster TUPDC152), présenté à 19th ICASA International Conference on AIDS and STIs in Africa, Abidjan.