Réalisation d’une enquête téléphonique répétée auprès de médecins burkinabés en contexte Covid : retour d’expérience de l’enquête CAP-CoV-BF
Auteurs
Joseph Larmarange, Arlette Simo Fotso, Yao Abo, Désiré Dahourou, Zélie Godin, Kadidiatou Kadio, Apoline Sondo, Louis Valantin, Mathias Altmann, Anne Bekelynck
Résumé
Introduction. Les médecins, premières personnes exposées et victimes des épidémies, sont au cœur des dispositifs de riposte à l’épidémie de Covid-19. Au printemps 2020, au cœur de la première vague épidémique, il est apparu essentiel de pouvoir documenter les connaissances, attitudes et pratiques (CAP) de ces maillons essentiels de la lutte contre la Covid-19 au Burkina Faso. Leur compréhension de la maladie, l’impact de la maladie sur leurs pratiques professionnelles, leur accès au matériel de protection, etc. sont autant d’aspects qui peuvent impacter directement la santé publique, nécessitant des prises de mesures par les autorités nationales. L’objectif principal de cette étude était de fournir aux acteurs nationaux impliqués dans la gestion de la crise des données probantes régulières et représentatives à l’échelle nationale sur les connaissances, attitudes et pratiques des médecins au Burkina Faso.
Méthode. L’enquête CAP-CoV-BF a pu être financée dans le cadre du programme Aphro-CoV financé par l’Agence Française le Développement et mis en œuvre par le consortium REACTing. Le protocole de l’enquête a été développé en mai et juin 2020 et soumis au Comité d’Éthique pour la recherche en santé du Burkina Faso en juin 2020. L’enquête a été approuvée fin août. L’enquête CAP-CoV-BF est une série de trois vagues d’enquêtes quantitatives transversales (échantillons indépendants) par téléphone réalisée auprès d’un échantillon représentatif d’environ 200 médecins sur l’ensemble du territoire burkinabè. Les trois vagues ont été réalisées à différents stades de l’épidémie burkinabé : (i) alors que le nombre de cas était relativement peu important et plutôt stable en septembre 2020 ; (ii) début décembre 2020 alors que le pays faisait face au début d’un nouveau pic épidémique ; (iii) fin février 2021 à la fin de la vague épidémique ayant démarré en décembre 2020. La base d’échantillonnage était l’annuaire de l’ordre national des médecins du Burkina Faso (3548 médecins enregistrés).
Résultats. Avant chaque vague d’enquête, 750 médecins étaient tirés au sort et recevaient un SMS de préannonce de l’enquête. Ils avaient la possibilité à cette étape de répondre au SMS pour refuser d’être appelé (vague 1 : 0 refus, vague 2 : 7, vague 3 : 9). L’envoi du SMS permettait également de vérifier si les numéros étaient toujours valides. Parmi les numéros valides et sans refus, un second échantillonnage était effectué. Chaque numéro de téléphone mis en production était rappelé au moins 5 fois (5 jours à des horaires différents) avant d’être considéré comme injoignable. Les refus de participer après décrochage sont restés relativement limités (respectivement 23, 5 et 10). Au final, 166 questionnaires ont été complété en 15 jours de collecte lors de la première enquête, 190 questionnaires en 13 jours pour la seconde et 203 questionnaires en 13 jours pour la troisième.
Conclusion. Le dispositif d’enquête a permis de réaliser en des temps courts et avec un budget limité une enquête nationale et représentative des médecins au Burkina Faso. La passation par téléphone a permis à la fois de couvrir l’ensemble du territoire national tout en respectant les procédures de distanciations en vigueur.
Mots-clés. Burkina Faso, enquête par téléphone, médecins, Covid 19, enquête CAP